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18/04/2025Les risques liés à la co-activité sur un même site : coordination et communication
La co-activité désigne une situation dans laquelle plusieurs entreprises ou équipes (intervenants internes ou externes) travaillent simultanément sur un même site, souvent dans des environnements complexes tels que les chantiers, les sites industriels ou les grandes installations logistiques. Cette configuration, de plus en plus courante, multiplie les risques professionnels si elle n’est pas rigoureusement encadrée.

Parmi les enjeux les plus critiques : la coordination des interventions et la communication entre les différentes entités présentes. Ces deux leviers conditionnent largement la sécurité des travailleurs et la fluidité des opérations.
Alors, comment identifier les risques de co-activité ? Quelles sont les obligations légales ? Et surtout, quelles bonnes pratiques mettre en œuvre pour garantir une prévention efficace ?
I. Les risques inhérents à la co-activité
A. Risques croisés et effets de bord
Quand plusieurs intervenants agissent en simultané, leurs activités peuvent générer des effets de bord inattendus :
- Interférences entre équipements ou engins (ex. : circulation simultanée de chariots élévateurs et de piétons sur une même zone).
- Risques chimiques ou atmosphériques si un prestataire émet des fumées ou manipule des substances volatiles pouvant impacter les autres.
- Suraccidents causés par une méconnaissance des actions des autres équipes (chutes de matériaux, déclenchements involontaires de machines, etc.).
B. Manque de visibilité des dangers
Chaque entreprise peut avoir une bonne gestion interne des risques, mais ignorer les dangers engendrés par les autres. Ce cloisonnement informationnel est une source majeure de défaillance en matière de sécurité.
II. Le cadre réglementaire en matière de co-activité
A. Le plan de prévention (articles R.4511-1 à R.4514-10 du Code du travail)
Le plan de prévention est obligatoire dès que deux entreprises interviennent sur un même site et que l’une des opérations est à risque ou que la durée totale dépasse 400 heures par an.
Ce plan doit comporter :
- Une analyse des risques croisés.
- Une organisation claire des rôles et responsabilités de chacun.
- Des mesures de coordination et de communication spécifiques.
B. Le protocole de sécurité pour les opérations de chargement/déchargement
Ce document est également obligatoire et vise à garantir la sécurité lors des livraisons ou réceptions de marchandises, moments souvent à haut risque dans un contexte de co-activité.
III. Les bonnes pratiques de coordination sur un site multi-intervenants
A. Désigner un coordinateur de sécurité
Un coordinateur unique doit être identifié. Son rôle :
- Superviser l’ensemble des activités.
- Être le point de contact central.
- Garantir la bonne application du plan de prévention.
Dans le BTP, cette fonction est même réglementée à travers le coordonnateur SPS (Sécurité et Protection de la Santé).
B. Tenir des réunions de coordination régulières
Des briefings quotidiens ou hebdomadaires permettent :
- De partager les zones d’intervention de chacun.
- De signaler les changements imprévus (retards, incidents).
- D’ajuster les mesures de sécurité en temps réel.
C. Centraliser les documents de sécurité
Créer un référentiel partagé (digital ou physique) contenant :
- Plans de prévention,
- Fiches de données de sécurité,
- Procédures d’urgence.
Chacun doit y avoir accès facilement pour réagir rapidement en cas de problème.
IV. Les clés d’une communication fluide en situation de co-activité
A. Utiliser des canaux efficaces et adaptés
- Radios, talkies-walkies, applications mobiles sécurisées selon le niveau de complexité du site.
- Signalétique temporaire ou permanente mise à jour selon l’évolution du chantier.
- Codes visuels universels pour les zones de danger, les passages prioritaires, etc.
B. Former l’ensemble des intervenants à la communication inter-entreprises
Tous les salariés présents sur site doivent :
- Comprendre les enjeux de la co-activité.
- Connaître les consignes de circulation, de signalisation et d’alerte.
- Savoir à qui s’adresser en cas de doute ou d’urgence.
V. Évaluer et corriger : l’importance du suivi
A. Suivi quotidien des risques
Un registres des incidents ou presque-accidents doit être tenu, analysé et partagé entre toutes les entreprises.
B. Retour d’expérience en fin de mission
À la fin des opérations :
- Réunir les intervenants pour partager les points d’amélioration.
- Mettre à jour les plans de prévention pour les futurs projets.
Conclusion
La co-activité, par sa nature, augmente les risques professionnels. Mais une bonne coordination et une communication active permettent de transformer cette contrainte en un levier de performance collective. Chaque entreprise a un rôle à jouer dans la création d’un environnement de travail sûr, mais c’est la synergie des acteurs qui garantit la réussite globale.
Et vous, comment organisez-vous la sécurité sur vos sites multi-intervenants ? Avez-vous déjà été confronté à des situations complexes de co-activité ?
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