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09/05/2025

Suivi des sous-traitants en BTP : intégrer le QHSE dès la contractualisation

Dans le secteur du BTP, la sous-traitance est une pratique courante, voire incontournable. Elle permet de faire appel à des compétences spécifiques, de gérer des pics d’activité, ou de répartir les interventions selon les corps de métier. Mais elle représente aussi un risque majeur si elle n’est pas rigoureusement encadrée, notamment en matière de Qualité, Hygiène, Sécurité et Environnement (QHSE).

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Les accidents graves impliquant des sous-traitants, les écarts réglementaires ou les conflits liés à des responsabilités floues révèlent l’importance de sécuriser la relation dès la phase de contractualisation. Le suivi QHSE ne peut pas se limiter à la simple cohabitation sur le chantier : il doit s’ancrer dans une démarche structurée, continue et collaborative.

Dans cet article, nous verrons pourquoi et comment intégrer les exigences QHSE dès le contrat, puis comment assurer un suivi efficace tout au long de l’intervention des sous-traitants.


I. Enjeux QHSE liés à la sous-traitance dans le BTP


A. Une co-activité propice aux risques


Les chantiers impliquant plusieurs entreprises présentent :

  • une multiplication des zones de travail simultanées,
  • une diversité des méthodes de travail,
  • des interférences entre engins, matériaux et personnes.

Sans coordination QHSE, cela peut entraîner :

  • des accidents par méconnaissance mutuelle des risques,
  • des infractions réglementaires (absence de port d’EPI, travaux non autorisés…),
  • une baisse de la qualité et une dégradation de l’environnement de travail.


B. Responsabilités partagées… mais pas diluées


Le donneur d’ordre reste responsable de la sécurité sur le site, même en présence de sous-traitants. Il doit :

  • vérifier les compétences et certifications de ses partenaires,
  • contrôler le respect des consignes,
  • gérer les interactions entre entreprises.

Un manquement à ces obligations peut engager sa responsabilité pénale en cas d’accident.


C. Risque réputationnel et contractuel


Un sous-traitant non conforme peut nuire à :

  • l’image de l’entreprise principale,
  • la conformité du chantier (inspection du travail, audit client…),
  • la relation avec le maître d’ouvrage.

D’où l’intérêt d’un suivi QHSE structuré et contractualisé.


II. Intégrer le QHSE dès la contractualisation


A. Définir les exigences QHSE dans les documents contractuels


Le contrat de sous-traitance doit inclure :

  • une clause QHSE spécifique, avec engagement sur :
  • le respect des consignes sécurité du site,
  • l’utilisation d’équipements conformes,
  • la participation aux réunions sécurité,
  • la transmission obligatoire de documents :
  • DUERP, attestations de formation, fiches de poste,
  • certificats d’assurance et habilitations nécessaires (CACES, AIPR…).

Ces éléments doivent faire l’objet d’un contrôle documentaire avant l’entrée sur site.


B. Préciser les obligations mutuelles dans le plan de prévention


Le plan de prévention (obligatoire à partir de 400 heures ou présence de risques particuliers) doit détailler :

  • les zones d’intervention et leur environnement immédiat,
  • les moyens de prévention mis en œuvre (signalisation, balisage, procédures…),
  • les échanges d’informations entre entreprises,
  • les modalités de coordination des secours.

Il doit être rédigé conjointement entre le donneur d’ordre et le sous-traitant.


C. Inclure des indicateurs de performance QHSE


Le contrat peut intégrer des engagements mesurables :

  • taux de port des EPI,
  • nombre d’écarts relevés,
  • respect des procédures environnementales (tri des déchets, bruit, poussières…).

Cela permet de suivre objectivement la performance QHSE du prestataire.


III. Suivre efficacement les sous-traitants sur le terrain


A. Organiser une réunion d’accueil sécurité obligatoire


Avant toute intervention, une accueil sécurité doit être prévu :

  • présentation des règles spécifiques du chantier,
  • remise des consignes écrites et du livret d’accueil,
  • vérification des habilitations et EPI.

La signature d’un registre permet de tracer la sensibilisation.


B. Réaliser des audits et contrôles réguliers


Il est essentiel de :

  • effectuer des visites de sécurité croisées (avec encadrant ou QHSE du sous-traitant),
  • utiliser une grille d’audit harmonisée (EPI, balisage, co-activité…),
  • consigner les constats et suivre les plans d’action correctifs.

Une fréquence hebdomadaire ou quotidienne peut être définie selon la criticité du chantier.


C. Impliquer les sous-traitants dans les revues et REX


Les réunions sécurité doivent inclure :

  • les chefs de chantier des sous-traitants,
  • un partage des incidents, presque accidents et bonnes pratiques,
  • une revue conjointe des indicateurs QHSE.

Cette approche renforce le sentiment d’appartenance et la culture commune de prévention.


IV. Structurer le suivi QHSE jusqu’à la fin du chantier


A. Capitaliser les données QHSE dans un tableau de bord


Un tableau de bord peut compiler :

  • le nombre de sous-traitants actifs,
  • les résultats des audits sécurité,
  • les anomalies signalées et levées,
  • les incidents et accidents par entreprise.

Cet outil facilite la communication avec le client et les autorités.


B. Évaluer la performance en fin d’intervention


Un bilan QHSE de fin de prestation peut être réalisé pour chaque entreprise :

  • points positifs,
  • axes d’amélioration,
  • conformité au contrat.

Ce retour peut servir à mettre en place une base fournisseurs "qualifiés", ou à écarter ceux non conformes.


C. Archiver les preuves et retours d’expérience


Tous les documents liés à la sous-traitance doivent être :

  • archivés pour une durée réglementaire,
  • utilisés pour alimenter le retour d’expérience global du chantier,
  • pris en compte dans la mise à jour du DUERP ou des procédures internes.


Conclusion


Intégrer le QHSE dès la contractualisation avec un sous-traitant, ce n’est pas seulement se protéger juridiquement. C’est aussi garantir un chantier plus sûr, plus fluide, et plus professionnel.

C’est construire une relation de confiance fondée sur des règles claires, un engagement mutuel, et un suivi opérationnel rigoureux.


La vraie question est donc : vos sous-traitants sont-ils juste présents sur votre chantier… ou pleinement intégrés à votre culture sécurité ?


#QHSE #BTP #SousTraitance #SécuritéChantier #PréventionDesRisques

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