Cependant, organiser une formation CACES® en interne présente un intérêt certain pour les entreprises souhaitant optimiser leurs coûts, renforcer la cohésion interne ou adapter rapidement leurs programmes de formation. Néanmoins, cette démarche doit respecter un cadre strict pour garantir l’efficacité de la formation, la conformité aux exigences légales et la sécurité des opérateurs.

Dans cet article, nous proposons une analyse approfondie des conditions, démarches et bonnes pratiques pour organiser une formation CACES® en interne. L’objectif est d’offrir aux responsables formation, managers et formateurs un guide précis et complet afin d’assurer la réussite de cette démarche, tout en respectant les obligations réglementaires et pédagogiques.

I. Contexte réglementaire et enjeux de la formation CACES®

A. La réglementation en vigueur

Le cadre juridique encadrant la conduite d’engins de levage repose essentiellement sur le Code du travail, notamment les articles R.4323-55 à R.4323-57, qui précisent les obligations des employeurs en matière de sécurité :

• R.4323-55 : obligation de formation des opérateurs pour qu’ils puissent utiliser l’équipement en toute sécurité.
• R.4323-56 : nécessité d’une autorisation de conduite délivrée par l’employeur pour les engins présentant des risques particuliers.
• R.4323-57 : les modalités de délivrance de cette autorisation sont définies par arrêté.

Le CACES® n’est donc pas un diplôme obligatoire par la loi, mais il constitue la référence la plus utilisée pour évaluer les compétences et justifier de la capacité des salariés à conduire en sécurité. Il permet à l’employeur de répondre à son obligation de résultat en matière de prévention des risques.

B. Les enjeux de la formation interne

Les avantages d’une formation CACES® organisée en interne sont nombreux :

• Réduction des coûts liés à la formation externalisée ;
• Flexibilité dans l’organisation et la planification ;
• Adaptation fine du contenu pédagogique aux spécificités de l’entreprise ;
• Renforcement de la culture sécurité et responsabilisation des salariés.

Toutefois, ces bénéfices ne doivent pas faire oublier que la formation interne doit être parfaitement encadrée et conforme. Une organisation approximative ou non validée pourrait engager la responsabilité de l’employeur en cas d’accident ou de contrôle.

C. Les risques et responsabilités liés à une formation interne non conforme

Une formation CACES® interne non reconnue ou dispensée par un formateur non qualifié peut entraîner :

• L’invalidité de la certification délivrée ;
• La mise en cause de la responsabilité civile et pénale de l’employeur en cas d’accident ;
• Des sanctions administratives (mise en demeure, suspension d’activité) par l’Inspection du travail ou la CARSAT ;
• Une perte de crédibilité en matière de prévention.

Il est donc essentiel que la formation interne respecte les référentiels officiels et soit menée par des formateurs compétents.

II. Conditions préalables à la mise en place d’une formation CACES® interne

A. La qualification et la compétence du formateur

Le formateur interne doit posséder :

• Une expérience significative sur les engins concernés ;
• Une formation pédagogique spécifique ;
• Idéalement, une certification reconnue par un organisme de référence (INRS, AFPA, organismes agréés).

L’entreprise doit pouvoir démontrer que son formateur interne dispose des compétences nécessaires pour assurer une formation en toute sécurité.

B. La conformité des équipements et des installations

Les engins utilisés lors de la formation doivent être conformes aux normes en vigueur et régulièrement contrôlés.

Un site pédagogique adapté doit offrir :

• Une zone d’évolution sécurisée ;
• Des installations adaptées ;
• Un environnement propice aux mises en situation réelles.

Les simulateurs de conduite peuvent compléter la formation, à condition de respecter le référentiel CACES®.

C. La définition d’un programme conforme

Le programme doit être aligné sur le référentiel CNAM (recommandations R.4xx) et comporter :

• Des apports théoriques : réglementation, sécurité, responsabilités ;
• Des exercices pratiques : manœuvres, vérifications techniques, simulations ;
• Une évaluation finale, théorique et pratique, validée selon le référentiel officiel.
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III. Démarches pour organiser une formation CACES® en interne

A. Planification et analyse des besoins

Un diagnostic doit être mené pour déterminer :

• Le nombre de salariés à former ;
• Les catégories d’engins concernées ;
• Le calendrier optimal pour limiter l’impact sur la production.

B. Validation des compétences du formateur interne

Les compétences du formateur doivent être formellement validées et documentées.

C. Préparation logistique et matérielle

Prévoir la réservation des espaces, la mise à disposition du matériel, la préparation des supports pédagogiques et des documents de suivi (feuilles de présence, fiches d’évaluation).

D. Réalisation et évaluation

La formation doit respecter l’équilibre théorie/pratique et se conclure par une évaluation certifiée. L’employeur délivre ensuite l’autorisation de conduite, sur la base des résultats obtenus et de l’avis du formateur.

E. Traçabilité et conformité administrative

Tous les documents (programmes, attestations, évaluations) doivent être archivés dans un dossier de suivi pour justifier de la conformité en cas de contrôle.

Conclusion

Organiser une formation CACES® en interne est une démarche stratégique qui peut renforcer la sécurité, optimiser les coûts et adapter les contenus aux réalités de l’entreprise. Néanmoins, le CACES® n’étant pas une obligation légale mais un standard reconnu, l’employeur doit veiller à respecter les textes du Code du travail (articles R.4323-55 à R.4323-57) en matière de formation et d’autorisation de conduite.

La réussite de la démarche repose donc sur la compétence des formateurs, la conformité du matériel et le respect des référentiels CNAM. C’est dans cette rigueur que réside la crédibilité et l’efficacité d’une formation interne CACES®.

Selon vous, les entreprises investissent-elles suffisamment dans la mise en place de formations internes rigoureuses, ou la majorité continue-t-elle à externaliser cette responsabilité par sécurité ?

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