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08/06/2025Sécurité du personnel en blanchisserie : chaleur, humidité, produits
L’univers des blanchisseries industrielles, hospitalières ou hôtelières est souvent perçu comme routinier, mécanique et sans risque majeur. Pourtant, les opérateurs y sont exposés à de nombreux dangers spécifiques : chaleur excessive, humidité constante, manipulation de produits chimiques, manutention répétée…

Ces conditions de travail particulières nécessitent une vigilance permanente et une intégration rigoureuse des principes QHSE (Qualité, Hygiène, Sécurité, Environnement). Cet article propose une analyse des principaux risques liés à l’activité en blanchisserie, ainsi que les leviers de prévention les plus efficaces pour protéger le personnel au quotidien.
I. Identifier les risques spécifiques des environnements de blanchisserie
A. Une exposition thermique importante
Les blanchisseries génèrent :
- Une chaleur ambiante élevée, notamment autour des calandres, tunnels de séchage, presses ou machines à laver
- Une humidité constante, créant une sensation de lourdeur et une fatigue accrue
- Un manque de ventilation ou de renouvellement d’air dans certains locaux
Conséquences possibles :
- Fatigue thermique, coups de chaleur
- Déshydratation
- Risques de malaises ou perte de vigilance
Les effets peuvent être aggravés en période estivale ou en cas d’équipements de climatisation défaillants.
B. Une utilisation quotidienne de produits chimiques
Le lavage du linge nécessite l’utilisation :
- De détergents, désinfectants, agents de blanchiment (souvent à base de chlore ou de peroxyde)
- De produits de traitement des eaux (neutralisants, agents anti-calcaire)
- De substances corrosives ou irritantes en cas de surdosage ou de contact direct
Les risques sont multiples :
- Brûlures chimiques
- Inhalation de vapeurs toxiques
- Réactions cutanées ou allergiques
Le mélange involontaire de produits incompatibles peut aussi entraîner des dégagements dangereux.
C. Des risques physiques et organisationnels
D’autres dangers sont souvent présents :
- Glissades sur sols humides
- TMS (troubles musculo-squelettiques) liés au tri, au pliage ou à l’alimentation des machines
- Port de charges lourdes ou mal réparties
- Répétitivité des gestes et postures contraignantes
- Rythmes de travail soutenus, pression sur la productivité, travail en horaires décalés
Ces conditions créent un terrain propice à l’accident du travail et à l’usure professionnelle.
II. Mettre en œuvre une prévention adaptée et concrète
A. Adapter les équipements de protection individuelle
Les EPI doivent répondre aux réalités du terrain :
- Gants adaptés aux produits utilisés (nitrile, néoprène)
- Tenues respirantes et résistantes à la chaleur
- Chaussures antidérapantes pour limiter les glissades
- Lunettes ou visières en cas de risque de projection
Une vérification régulière de l’état des EPI est indispensable, tout comme leur adaptation aux postes concernés.
B. Agir sur l’environnement de travail
Pour améliorer le confort et la sécurité :
- Mettre en place une ventilation efficace
- Prévoir des systèmes d’extraction d’humidité ou de traitement d’air
- Limiter les sources de chaleur accumulée
- Sécuriser les sols (revêtements anti-dérapants, signalisation)
- Installer des systèmes d’automatisation pour réduire les gestes répétitifs
Ces aménagements réduisent fortement la fatigue et les accidents liés à l’environnement.
C. Former et sensibiliser le personnel
Une politique de prévention efficace passe par :
- Une formation initiale sur les risques chimiques, thermiques et physiques
- Des rappels réguliers des consignes de sécurité
- Une vigilance partagée sur les incompatibilités de produits
- La mise à disposition de fiches de sécurité (FDS) claires et accessibles
- Des temps de pause adaptés et une surveillance de l’état de santé
Les retours du personnel doivent être intégrés pour ajuster les pratiques de manière continue.
III. Bonnes pratiques et retours d’expérience terrain
A. Cas d’une blanchisserie hospitalière ayant amélioré ses conditions de travail
Après une série d’arrêts maladie liés à la chaleur et aux TMS, l’établissement a :
- Mis en place un système de ventilation renforcée
- Réorganisé les postes les plus sollicitants par une rotation des tâches
- Intégré des plieuses automatiques et des convoyeurs
Résultat : baisse de 40 % des accidents en un an et amélioration du climat social.
B. Témoignage d’une opératrice
« Travailler avec des gants adaptés a changé ma journée. Avant, j’avais les mains rouges tous les soirs. Maintenant, je peux travailler sans douleur. »
L’écoute du terrain permet de choisir les bons équipements, en phase avec les contraintes réelles du métier.
C. Intégrer la sécurité dans le quotidien
Certaines mesures simples font la différence :
- Vérifier la température ambiante deux fois par jour
- Organiser un rituel d’ouverture de poste avec point sécurité
- Mettre en place des indicateurs QHSE liés au confort thermique ou au nombre d’incidents mineurs
- Réaliser des exercices en cas de fuite de produit ou de malaise
Chaque acteur, du manager au personnel en production, a un rôle à jouer dans cette culture de sécurité.
Conclusion
La blanchisserie, souvent perçue comme un environnement stable, cumule en réalité des risques multiples et spécifiques. La chaleur, l’humidité, les produits chimiques et la répétitivité rendent nécessaire une vigilance constante. En intégrant pleinement ces risques dans la démarche QHSE, les établissements peuvent protéger durablement la santé de leurs équipes, réduire l’absentéisme et améliorer la qualité de vie au travail. C’est en agissant à la fois sur les équipements, les conditions de travail et les pratiques que la prévention devient réellement efficace.
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