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10/05/2025

Analyse des accidents de la route en flotte professionnelle : quelles leçons tirer ?

Dans de nombreuses entreprises, les déplacements professionnels font partie intégrante de l’activité : livraisons, interventions techniques, visites commerciales, transport de personnel… Ces trajets exposent les salariés à un risque routier majeur, souvent sous-estimé car considéré comme « extérieur » au cœur de métier. Et pourtant, les accidents de la route constituent la première cause de mortalité au travail en France.

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Les flottes professionnelles, qu’elles soient composées de voitures, de camions, de deux-roues ou de véhicules utilitaires légers (VUL), génèrent un volume de déplacements considérable. Chaque accident, même bénin, est un signal d’alerte à analyser pour mieux prévenir.

Cet article propose une approche structurée de l’analyse des accidents de la route en flotte professionnelle : comprendre les causes, identifier les leviers d’action, et tirer des leçons durables dans une perspective QHSE.


I. Les enjeux du risque routier professionnel


A. Une responsabilité de l’employeur


Le Code du travail impose à l’employeur :

  • d’assurer la sécurité des salariés sur le temps de travail,
  • de prévenir les risques liés aux déplacements professionnels,
  • de mettre en œuvre une politique de prévention adaptée, même pour les véhicules personnels utilisés à des fins professionnelles (trajets mission).

En cas d’accident, la responsabilité civile, voire pénale, de l’employeur peut être engagée, notamment si :

  • le salarié n’est pas formé à la conduite professionnelle,
  • le véhicule n’est pas entretenu correctement,
  • la charge de travail ou les délais favorisent les prises de risque.


B. Des conséquences humaines, économiques et organisationnelles


Un accident routier professionnel peut entraîner :

  • des blessures graves voire des décès,
  • des coûts indirects élevés (arrêts de travail, réparation, remplacement du véhicule, hausse d’assurance…),
  • une désorganisation des services,
  • une dégradation de l’image de l’entreprise, surtout en cas d’accident impliquant un tiers.

Le suivi et l’analyse des accidents sont donc essentiels pour progresser.


C. Des statistiques préoccupantes


Selon l’Assurance Maladie et l’INRS :

  • Plus de 4 000 accidents de mission (trajet professionnel) sont déclarés chaque année,
  • Le risque de mortalité est plus élevé que pour les autres accidents du travail,
  • Les jeunes conducteurs et les salariés sous pression logistique sont les plus exposés.


II. Comment analyser un accident de flotte de manière QHSE ?


A. Recueillir les faits de façon structurée


Dès qu’un accident survient, il est crucial de :

  • recueillir un témoignage du conducteur, de préférence à chaud,
  • photographier les dégâts et la scène si possible,
  • analyser le contexte : heure, météo, état du véhicule, type de route, mission concernée.

Le rapport d’accident doit comporter :

  • une description factuelle (lieu, circonstances),
  • une analyse des causes immédiates et contributives,
  • des pistes d’amélioration.


B. Identifier les facteurs humains, techniques et organisationnels


L’analyse ne doit pas se limiter à l’erreur de conduite. Il faut explorer :

  • les facteurs humains : fatigue, stress, téléphone au volant, distraction…
  • les facteurs techniques : usure des freins, pneus lisses, entretien non réalisé…
  • les facteurs organisationnels : planification irréaliste, formation absente, pression sur les délais…

Utiliser des outils comme l’arbre des causes ou les 5 Pourquoi permet d’aller au-delà de la simple déclaration.


C. Impliquer les bons acteurs


L’analyse doit associer :

  • le conducteur concerné (dans une logique non culpabilisante),
  • le manager de proximité,
  • le référent QHSE ou sécurité,
  • éventuellement le responsable flotte ou RH.

L’objectif est de comprendre sans blâmer, et de construire une réponse collective.


III. Quelles leçons tirer d’un accident de flotte ?


A. Mettre à jour l’évaluation des risques


Chaque accident doit entraîner une révision du DUERP, notamment :

  • l’ajout ou l’actualisation de fiches « conduite professionnelle »,
  • la redéfinition des moyens de prévention (pauses, trajets autorisés, seuils de conduite…),
  • la prise en compte de nouvelles contraintes terrain.

Un accident répété est souvent le symptôme d’un risque sous-évalué.


B. Adapter la formation et la sensibilisation


L’entreprise peut tirer parti de l’accident pour :

  • organiser une causerie sécurité autour du retour d’expérience,
  • revoir les modules de formation à la conduite préventive,
  • lancer une campagne de sensibilisation sur les comportements à risque.

Les outils de formation peuvent inclure :

  • simulateurs de conduite,
  • vidéos d’accidents analysés,
  • témoignages d’accidents évités de justesse.


C. Repenser la gestion de flotte


Un accident peut révéler des failles dans :

  • la politique d’entretien (contrôle périodique, suivi de kilométrage…),
  • le choix des véhicules (sécurité passive, aide à la conduite…),
  • la gestion des temps de trajet (marge horaire, itinéraires évitant les zones à risque).

Cela peut conduire à :

  • la mise en place d’un logiciel de suivi de flotte,
  • l’installation de boîtiers télématiques pour analyser les comportements de conduite,
  • des critères de sécurité renforcés dans les appels d’offres ou les renouvellements de véhicules.


IV. Créer une culture sécurité autour de la conduite


A. Encourager le signalement des incidents


Pour progresser, il faut aussi analyser les presque accidents :

  • freinage d’urgence,
  • accrochage évité de justesse,
  • situation de fatigue ou de perte de vigilance.

Créer un cadre bienveillant de remontée d’information permet d’identifier les signaux faibles.


B. Valoriser les bonnes pratiques


Il est possible de :

  • mettre en place des indicateurs de conduite responsable,
  • valoriser les conducteurs exemplaires (zéro accident, éco-conduite, attitude professionnelle),
  • intégrer des objectifs sécurité dans les entretiens annuels.

Cela permet d’ancrer des comportements durables.


C. Intégrer le risque routier dans la stratégie QHSE globale


Le risque routier ne doit pas être isolé du reste de la politique QHSE. Il doit figurer :

  • dans les objectifs de direction,
  • dans les audits internes,
  • dans les bilans sécurité trimestriels ou annuels.

Il s’agit de passer d’une logique réactive à une démarche proactive et préventive.


Conclusion


Un accident de la route impliquant un salarié en mission n’est jamais une simple formalité administrative. C’est un signal d’alerte qu’il faut traiter avec méthode, transparence et engagement.

Chaque accident est une opportunité de progresser collectivement, de mieux former, de mieux planifier… et d’éviter le prochain.


La vraie question est donc : vos véhicules sont-ils juste assurés… ou vraiment intégrés à votre politique sécurité ?


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