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04/05/2025

Équipements de protection individuelle (EPI) : sont-ils bien utilisés dans votre entreprise ?

Dans toute démarche de prévention des risques professionnels, les équipements de protection individuelle (EPI) représentent la dernière barrière entre le salarié et le danger. Qu’ils soient obligatoires sur un chantier, dans un laboratoire ou dans un entrepôt, leur rôle est crucial. Mais trop souvent, leur usage est mal compris, mal contrôlé, voire détourné, compromettant leur efficacité.

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Porté sans conviction, utilisé de manière inadaptée ou non entretenu, un EPI perd toute sa valeur protectrice.

Cet article explore les conditions d’une bonne utilisation des EPI, les freins fréquents observés en entreprise, et les leviers pour renforcer leur acceptation et leur efficacité sur le terrain.


I. Rappel sur les EPI : rôle, obligations et responsabilités


A. Définition et typologie des EPI


Un EPI est un dispositif ou moyen porté par une personne dans le but de se protéger contre un ou plusieurs risques professionnels susceptibles de menacer sa santé ou sa sécurité.

Les principaux types d’EPI sont :

  • Protection de la tête (casques, casquettes anti-heurt),
  • Protection des yeux et du visage (lunettes, visières),
  • Protection auditive (bouchons, serre-tête),
  • Protection des voies respiratoires (masques filtrants ou autonomes),
  • Protection des mains (gants adaptés au risque),
  • Protection du corps (vêtements spécifiques, gilets),
  • Protection des pieds (chaussures de sécurité),
  • Protection contre les chutes (harnais, longe, absorbeurs).


B. Obligations réglementaires


L’employeur est légalement tenu :

  • de fournir gratuitement les EPI nécessaires,
  • de former les salariés à leur bon usage,
  • de vérifier leur conformité, leur entretien et leur remplacement.


Le salarié, de son côté, a l’obligation de porter les EPI fournis et de les utiliser conformément aux instructions reçues.


C. L’EPI, une solution de dernier recours


Conformément à la hiérarchie des mesures de prévention, les EPI n’interviennent qu’en complément des protections collectives :

  1. Suppression du danger,
  2. Substitution par un risque moindre,
  3. Protection collective,
  4. Et enfin, l’EPI en ultime barrière.


II. Les freins à une utilisation correcte des EPI


A. Le confort et la praticité


Parmi les principales objections des salariés :

  • inconfort (chaleur, gêne auditive ou visuelle),
  • entrave à la mobilité ou à la précision des gestes,
  • fatigue accrue en fin de journée.


Lorsque les EPI sont vécus comme une contrainte, ils sont mal portés ou contournés.


B. Le manque de sensibilisation ou de formation


Dans de nombreux cas :

  • les EPI sont distribués sans explication réelle,
  • les consignes sont floues ou absentes,
  • la formation initiale est insuffisante ou inexistante.


Sans compréhension du risque associé, le salarié ne perçoit pas l’utilité réelle de l’équipement.


C. L’absence de contrôle ou de suivi


Lorsque l’encadrement :

  • ne rappelle pas les consignes régulièrement,
  • ne contrôle pas le port des EPI sur le terrain,
  • ne sanctionne pas les comportements à risque,


le message implicite devient : “ce n’est pas si grave de ne pas les porter”.


III. Bonnes pratiques pour améliorer l’usage des EPI en entreprise


A. Impliquer les utilisateurs dans le choix des EPI


Pour favoriser l’adhésion :

  • impliquer les salariés dans les tests de modèles,
  • adapter les équipements aux morphologies et aux contraintes du poste,
  • privilégier des produits ergonomiques, légers et certifiés.


Un salarié qui a essayé et validé son EPI sera bien plus enclin à le porter.


B. Former et sensibiliser régulièrement


Au-delà de la formation obligatoire :

  • organiser des causeries sécurité autour des EPI,
  • diffuser des retours d’expérience d’accidents où le port d’un EPI a été décisif,
  • mettre en place des jeux pédagogiques ou challenges internes.


L’objectif est de revaloriser l’utilité des EPI, non pas par peur, mais par conviction.


C. Contrôler, entretenir, renouveler


Un bon EPI est un EPI :

  • en bon état (pas usé, pas déchiré, pas expiré),
  • entretenu selon les préconisations du fabricant,
  • renouvelé régulièrement.


Des vérifications périodiques (visuelles, techniques) doivent être intégrées à la routine QHSE.


D. Afficher des consignes claires et visibles


La signalétique sur site doit rappeler :

  • les zones à EPI obligatoires,
  • les types d’EPI requis selon les postes,
  • les sanctions en cas de non-respect, si applicable.


Une signalisation bien conçue agit comme un rappel quotidien et réduit les oublis involontaires.


IV. Intégrer l’usage des EPI dans la culture sécurité


A. L’exemplarité managériale


Les managers et encadrants doivent montrer l’exemple :

  • porter systématiquement les EPI,
  • corriger immédiatement les écarts,
  • rappeler les règles en réunion ou en tournée terrain.


Le message passe autant par le comportement que par les mots.


B. La valorisation des comportements positifs


Plutôt que de ne pointer que les erreurs :

  • remercier ceux qui respectent les consignes,
  • afficher des bons gestes observés sur le terrain,
  • mettre en place des récompenses symboliques.


La reconnaissance du respect des règles est un moteur plus puissant que la seule contrainte.


C. Le suivi via des indicateurs dédiés


Intégrer des données sur les EPI dans le tableau de bord QHSE :

  • taux d’équipement par poste,
  • nombre d’EPI non conformes remplacés,
  • nombre de rappels ou d’écarts relevés sur le terrain.


Ces indicateurs permettent de suivre l’efficacité de la politique EPI et de l’ajuster.


Conclusion


Les EPI ne doivent jamais être considérés comme un simple accessoire ou une formalité réglementaire. Ils sont un maillon vital de la chaîne de prévention.

Mais pour qu’ils remplissent leur rôle, encore faut-il qu’ils soient choisis avec soin, portés correctement, entretenus régulièrement et surtout acceptés par ceux qu’ils protègent.


La vraie question est donc : dans votre entreprise, les EPI sont-ils une habitude de travail… ou une obligation que l’on tolère sans y croire ?


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